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Les petits plats dans les grands !

Dernière mise à jour : 29 juin 2023

Marion Fellrath est institutrice à l’école élémentaire 104 Belleville à Paris. C’est la deuxième année qu’elle participe au programme Odyssée avec sa classe. Cette année, dans le cadre du programme, elle a mis en place une “semaine de la gastronomie” pour faire découvrir ce patrimoine à ses élèves. Découvrez la mise en place et la réalisation de ce beau projet !


Pourquoi as-tu approfondi la session des Traditions culinaires ?


Cette année, en classe de CM2, nous avons choisi d’approfondir cette thématique pour plusieurs raisons : les enfants sont naturellement très intéressés par ce thème, il ne s’agit pas que d’une question de gourmandise (même si ça compte).

Ce thème est parlant pour eux car il les connecte à quelque chose de familier, de fédérateur et convivial : la nourriture. C’est une dimension plus accessible pour eux, qui fait partie de leur quotidien, mais qui permet d’éclairer ce quotidien avec une histoire, une compréhension de leur environnement différent. Beaucoup de mes élèves viennent de cultures et d’origines variées, certains viennent juste d’arriver en France cette année, ils sont donc très curieux et avides de découvrir plus profondément une gastronomie qu’ils ne connaissent pas forcément, et le patrimoine gastronomique c’est ce qui permet d’entrer profondément et joyeusement en contact avec l’identité de son pays ou de sa ville d’accueil.

Qu’as-tu mis en place ?

Le parcours s’est fait en 3 temps :

  • Nous avons commencé à découvrir ce qui caractérisait la gastronomie française en étudiant celui qui a fondé les bases de cette cuisine d’excellence que nous connaissons toujours : Auguste Escoffier.

  • Puis nous avons réalisé une de ses recettes emblématiques en classe, la recette de la Pêche Melba.

  • Nous avons terminé par organiser une levée de fonds sur la Trousse à Projets pour pouvoir faire une véritable semaine gastronomique : le lundi, petit-déjeuner du Cheval Blanc dégusté sur les Champs Elysées, mercredi visite d’une collaboratrice du Ritz, et jeudi l’expérience d’un repas à la française dans une brasserie parisienne (au menu : œuf mayonnaise, poulet frites et Paris Brest).

Quelles ont été les difficultés que tu as rencontrées, et comment les as-tu contournés ?

Les deux difficultés majeures ont été d'une part de trouver un établissement qui accepte les scolaires dans une démarche d’observation. Au début, j'avais vraiment comme ambition de les emmener dans des palaces parisiens, car ils avaient été très intéressés par le partenariat d’Auguste Escoffier & César Ritz. Mais après un grand temps de prospection j’ai constaté que nous n’avions pas les moyens de nous offrir ce genre d’expériences !

Après plusieurs déconvenues j’ai donc eu la chance de trouver la Brasserie Martin qui nous a accueilli à bras ouverts ! Puis les palaces sont quand mêmes venus jusqu’à nous car nous avons reçu la visite de la directrice adjointe du Ritz en classe (accompagnées de délicieuses pâtisseries) et un mécène nous a offert le petit-déjeuner du Cheval Blanc. Enfin, nous sommes allés dans ses bureaux sur les Champs-Elysées pour goûter aux viennoiseries d’excellence de Maxime Frédéric.

Et d’autre part, il faut bien évidemment trouver l’argent nécessaire. Je travaille dans un réseau REP (Réseau d'Education Prioritaire) où les familles n’ont pas forcément les moyens de participer financièrement à ce genre d’expérience. Et le budget est de toute façon assez ambitieux, donc il serait délicat de le faire peser uniquement sur les parents. Comme l’ont écrit les élèves : « dans la devise de la France il y a le mot égalité, alors nous faisons une cagnotte pour que tout le monde dans la classe puisse participer au projet ».

J’ai donc rédigé, avec mes élèves, une présentation du projet, et nous avons mis en place une cagnotte participative sur le site La Trousse à projets. Ensuite il s’agit de l’envoyer à tous les partenaires susceptibles d’être intéressés, soit pour qu’ils participent eux-mêmes, soit pour qu’ils acceptent de relayer notre cagnotte. Les familles des élèves s’assurent elles aussi ce partage avec le plus grand nombre de personnes, amis, familles etc… En quelques jours à peine nous avions récolté nos 1240 euros ! Incroyable !

Donc les principaux freins se contournent avec de la patience et de la persévérance, on finit toujours par trouver des gens touchés par le projet, prêts à donner du temps ou de l’argent, pour soutenir notre cause.



Quelles ont été les réactions des parents ? Des autres enseignants de l'école ?


Les parents ont été très enthousiastes et impliqués dans le projet ! Pour remercier nos donateurs suite à la cagnotte nous élaborons un livre de recettes avec les plats signatures des familles de la classe, et tout le monde se prête au jeu. C’est toujours très important de partager ce que l’on sait cuisiner.

Les autres enseignants de l’école sont également solidaires du projet ! Ils nous aident à partager notre cagnotte, ils nous encouragent, ils partagent vraiment notre joie de vivre cette aventure !

De toute façon, pour que des projets comme celui-ci se déroulent aussi bien il faut toujours le soutien des familles et de l’équipe enseignante de l’école, et ici nous avons la chance de l’avoir.

Comment les enfants ont-ils vécu cette aventure ? (un avant/après?)

C’était très intéressant de voir leur évolution. Quand au début on demandait s’il connaissait un plat gastronomique typiquement français ou parisien on va avoir «le kebab, le tacos », ou le seul restaurant connu par les élèves ça sera le McDo. Et pourtant, ils se prennent véritablement de passion pour cette cuisine traditionnelle française. La figure d’Auguste Escoffier les a beaucoup intéressé, ils étaient alors très heureux quand, le jour de notre déjeuner, Michel Escoffier (le musée Escoffier a fait partie de nos donateurs), l’arrière petit-fils d’Auguste, nous a téléphoné pour nous souhaiter un bon appétit. « On est des stars maîtresses ! » se sont-ils exclamés !

Certains se sont mis à cuisiner un peu à la maison, d’autres dressaient leurs assiettes à la cantine pour trouver leur « signature » de chef. De là à savoir si cela suscitera des vocations, je ne sais pas, mais ce que je vois c’est le cela change le rapport à la nourriture. Quand on approfondit un peu comment elle est faite, on ne déguste pas de la même manière. Ils sont devenus de véritables gourmets en herbe.

Beaucoup de mes élèves n’avaient jamais été au restaurant, c’était donc une grande première. Cela nous a permis de vivre un temps d’école différent. Car oui, il y a l’expérience, mais toute la préparation en amont du projet a permis de travailler beaucoup de compétences en maths, en français, sans pour autant que cela soit un poids car le but final était très stimulant ! Ils ont donc appris plein de choses, notamment à croire en leur capacité à réaliser des projets, car ils avaient peur au départ que le budget soit trop ambitieux, que nous n’y arrivions pas, ils ont été bien surpris ! Mais surtout, nous avons conscience, eux comme moi, d’avoir vécu un moment mémorable ensemble. Le repas français est inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO, et la dimension conviviale en fait partie, je crois que nous comprenons désormais pourquoi.


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